dimanche 31 janvier 2016

La séparation des pouvoirs

Lire ce texte adapté de Wikipedia:

La séparation des pouvoirs est le fait dans la constitution d'un État de distinguer certaines fonctions ou missions de l'État, et d'en confier l'exercice exclusif à différents corps de ce dernier, appelés pouvoirs. La séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire est le principe fondamental des démocraties représentatives. A contrario, les régimes dictatoriaux ou tyranniques se définissent par la concentration, en général dans la main du pouvoir exécutif, de tous les pouvoirs.

La séparation des pouvoirs a été, pour l'essentiel, théorisée par Locke et Montesquieu ; on retient en France le plus souvent la classification de Montesquieu définie dans De l'Esprit des lois (1748) :

  • le pouvoir législatif, confié à un parlement (ou législateur), à savoir, en France, l'Assemblée nationale ainsi que le Sénat ;
  • le pouvoir exécutif, confié à un gouvernement composé d'un Premier ministre et des ministres, à la tête duquel se trouve un chef d'État et/ou de gouvernement ;
  • le pouvoir judiciaire, confié aux juridictions, même si d'après la constitution française de 1958 on ne parle pas de « pouvoir » mais « d'autorité » judiciaire.


En France, le pouvoir judiciaire se subdivise en deux ordres juridiques distincts : d'une part l'ordre judiciaire, chargé de trancher les litiges entre particuliers, d'autre part l'ordre administratif, compétent pour trancher les litiges opposant l'Administration et les particuliers. Pour éviter la confusion et inclure le juge administratif, l'on parle parfois en France de « pouvoir juridictionnel ».

En France, l'obligation d'une telle séparation est posée dans l'article 16 de la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen du 26 août 1789 qui affirme que : « Toute société dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution. »1

Lire ce texte adapté du site Vie publique:

Élaborée par Locke (1632-1704) et Montesquieu (1689-1755), la théorie de la séparation des pouvoirs vise à séparer les différentes fonctions de l’État, afin de limiter l’arbitraire (c’est-à-dire qui dépend de la volonté de quelqu'un et intervient en violation de la loi ou de la justice) et d’empêcher les abus liés à l’exercice de missions souveraines (c’est-à-dire de la part des autorités). Si cette théorie est souvent invoquée dans les régimes démocratiques, elle a été plus ou moins rigoureusement mise en pratique. La France a, pour sa part, développé sa propre conception de la séparation des pouvoirs, fondée sur la limitation des attributions de l’autorité judiciaire à l’égard de la puissance publique.

La théorie classique

La théorie classique de la séparation des pouvoirs distingue trois fonctions principales au sein des différents régimes politiques :

  • la fonction d’édiction des règles générales constitue la fonction législative ;
  • la fonction d’exécution de ces règles relève de la fonction exécutive ;
  • la fonction de règlement des litiges constitue la fonction juridictionnelle.
Partant du constat que, dans le régime de la monarchie absolue, ces trois fonctions sont le plus souvent confondues et détenues par une seule et même personne, la théorie de séparation des pouvoirs plaide pour que chacune d’entre elles soit exercée par des organes distincts, indépendants les uns des autres, tant par leur mode de désignation que par leur fonctionnement. Chacun de ces organes devient ainsi l’un des trois pouvoirs : le pouvoir législatif est exercé par des assemblées représentatives (le Parlement : Sénat et Assemblée nationale), le pouvoir exécutif est détenu par le chef de l’État et par les membres du Gouvernement (Premier Ministre et Ministres), le pouvoir judiciaire, enfin, revient aux juridictions (cf. organigramme).

L’objectif assigné par Montesquieu à cette théorie est d’aboutir à l’équilibre des différents pouvoirs : "Pour qu’on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir."

La doctrine des checks and balances

Cette théorie a fortement inspiré les rédacteurs de la Constitution américaine, qui ont institué en 1787 un régime présidentiel organisé selon une séparation stricte des trois pouvoirs, tempérée par l’existence de moyens de contrôle et d’action réciproques conçus conformément à la doctrine des "checks and balances" (que l’on peut traduire par l’existence de procédures de contrôles et de contrepoids).

Afin d’éviter que chacun des pouvoirs n’abuse de ses prérogatives (c’est-à-dire les moyens juridiquement reconnus dont l'Etat est doté afin de remplir pleinement ses missions d'intérêt général et d'imposer sa volonté à des personnes privées), les constituants américains ont ainsi prévu un strict partage des compétences entre organes fédéraux et États fédérés. Ils ont également réparti le pouvoir législatif entre deux assemblées, donné au président un droit de véto sur les textes législatifs, et reconnu parallèlement au Sénat la faculté de s’opposer aux nominations relevant du Président ou encore aux traités internationaux négociés par l’administration.

La séparation des pouvoirs et la protection des droits de l’homme

L’article 16 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 se réfère également à cette théorie en disposant que "Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution". La séparation des pouvoirs apparaît ainsi comme le corollaire (c’est-à-dire la conséquence) indispensable de la protection des droits naturels de l’homme : le contrôle mutuel qu’exercent les trois pouvoirs les uns envers les autres préserve l’individu des atteintes à ses droits fondamentaux. Dans le même temps, la séparation des pouvoirs constitue un obstacle au despotisme et à la tentation du pouvoir personnel, puisque aucune personne ne peut concentrer entre ses mains la totalité des attributs (législatifs, exécutifs et judiciaires) de la souveraineté. Le despotisme est la forme de gouvernement dans laquelle la souveraineté est exercée par une autorité unique (une seule personne ou un groupe restreint) qui dispose d'un pouvoir absolu. Le despotisme implique souvent un pouvoir autoritaire, arbitraire, oppressif, tyrannique, sur tous ceux qui lui sont soumis.

Le despotisme est l'une des trois formes de gouvernement (avec la république et la monarchie) que Montesquieu distingue dans "L'esprit des lois". Pour lui, le despotisme est le pouvoir d'un seul homme, sans règle, si ce n'est celle de son bon plaisir, pouvoir fondé sur la crainte. Le philosophe en déduit la nécessité de la séparation des pouvoirs afin d'éviter le despotisme et de préserver la liberté.

De la séparation stricte à la collaboration des pouvoirs

Toutefois, cette théorie n’a pas toujours été strictement mise en œuvre par les différents régimes démocratiques. En effet, une séparation trop stricte des différents pouvoirs peut aboutir à la paralysie des institutions : tel fut le cas en France sous le Directoire (1795-1799) et sous la IIe République (1848-1851), où le conflit entre l’exécutif et le législatif s’est à chaque fois soldé par un coup d’État.

Aussi de nombreux régimes privilégient-ils le principe de la collaboration des différents pouvoirs à celui de leur stricte séparation : la distinction entre le législatif, l’exécutif et le judiciaire demeure, mais ces différents pouvoirs disposent de moyens d’action les uns à l’égard des autres. La faculté pour le chef de l’État de dissoudre l’une des chambres composant le Parlement, la possibilité pour le pouvoir législatif de renverser le Gouvernement, la soumission des magistrats du parquet (c’est-à-dire l’ensemble des magistrats chargés, au sein d'un tribunal de grande instance et sous la direction du procureur de la République, de défendre les intérêts de la société) à l’autorité hiérarchique du Gouvernement en sont autant d’exemples.

La conception française de la séparation des pouvoirs

En outre, la théorie de la séparation des pouvoirs a pris, en France, une signification particulière, que le Conseil constitutionnel a qualifiée, dans une décision du 23 janvier 1987, de "conception française de la séparation des pouvoirs". Celle-ci se distingue de la théorie classique, puisqu’elle trouve son origine dans les lois des 16 et 24 août 1790 et le décret du 16 fructidor an III qui interdisent aux tribunaux de l’ordre judiciaire de connaître des litiges intéressant l’administration. Par ces textes, le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif ont été soustraits au contrôle des juridictions judiciaires, au motif que celles-ci ne disposaient pas d’une légitimité suffisante pour juger des actes émanant d’autorités procédant du suffrage universel et agissant au nom de l’intérêt général. L’institution d’une juridiction administrative à compter de l’an VIII (1799) devait partiellement modifier cette situation : depuis cette date, les actes de l’administration ont pu être contestés, mais devant une juridiction distincte de l’autorité judiciaire.

La "conception française de la séparation des pouvoirs" est donc aujourd’hui associée à l’existence d’une dualité de juridictions dans notre système institutionnel (ordre judiciaire, ordre administratif).

Prof:

La séparation des pouvoirs est au cœur de notre République contemporaine. Elle puise ses sources dans les Lumières françaises et dans les expériences révolutionnaires, et ses symboles dans l’Athènes démocratique des Ve-IVe siècles. Si la théorie est aisée, la pratique est plus subtile…

Commentaires sur le doc. 1, p. 26 : le timbre d’Albert Decaris (1971) permet de rappeler l’événement historique que constitue l’ouverture des états généraux à Versailles, le 5 mai 1789.

Commentaires sur le doc. 2, p. 27 : la photographie de l’hémicycle du Palais-Bourbon (Assemblée nationale) permet de montrer le nombre impressionnant des représentants (577 depuis 2008) et de montrer ce qu’est la Nation assemblée par ses représentants (il y a , depuis 2011, 348 Sénateurs au Palais du Luxembourg). L’architecture de l’hémicycle : colonnes ioniques, plafonds richement peints, couleur pourpre symbole de pouvoir dans l’Antiquité… La solennité est importante et symbolique de la souveraineté du peuple représenté ici.

Fondements et pratiques de la séparation des pouvoirs, p.28-29

Prof:

Les fondements de la séparation des pouvoirs (Montesquieu, Diderot) interrogent sur le pouvoir exécutif et son rapport à l’arbitraire ou à l’équilibre (cf. doc. 3).
Les articles de la Constitution (doc. 4) permettent de répondre à la question des fondements du droit, fondés non plus sur la coutume mais sur un texte fondateur, la Constitution. Une « loi organique » est une loi relative à l’organisation et au fonctionnement des pouvoirs publics.

Les Etats-Unis, un modèle de séparation des pouvoirs, p. 30-31

Prof:

La séparation des pouvoirs aux États-Unis correspond mieux à l’idéal de Montesquieu de pouvoirs bien séparés. Les institutions (doc. 1) et les principes (doc. 2) créent une pratique : le serment présidentiel (doc. 4) qui oblige à respecter la séparation (doc. 5) ou à démissionner (doc. 3)...

Réponses aux questions, p. 31:

  1. Deux principes organisent la séparation des pouvoirs : la supériorité de la Constitution sur les lois, et la possibilité d’abolir le gouvernement s’il devient « destructeur », c’est-à-dire tyrannique (doc. 2).
  2. Dans le doc. 4, le Président élu prête serment sur des textes sacrés (symboles de la Constitution) de respecter la Constitution et les lois des États-Unis dans l’exercice de ses fonctions. Ce serment est reçu par le président de la Cour suprême, plus haute cour de justice fédérale. Le pouvoir législatif n’est pas présent dans la scène : il s’agit ici de donner au Président l’intégralité de ses fonctions politiques. Dans le doc. 5, l’exécutif (Président) s’adresse au législatif (derrière lui le président de la Chambre des représentants, l’assemblée parlementaire élue tous les deux ans).
  3. Parce que la presse a amené la justice à ouvrir une enquête et que l’action de la Cour suprême a amené le Congrès à ouvrir une procédure de destitution (empeachment), le Président Nixon a préféré démissionner alors qu’il n’était qu’accusé, et non condamné, pour avoir fait espionner ses adversaires démocrates lors de la dernière campagne présidentielle.

Prof:

Entre les États-Unis (p. 31) et la France (doc. 3 p. 29), la visibilité de la séparation des pouvoirs obéit à des usages et des rites qui montrent une commune mais non une identique compréhension de la séparation des pouvoirs envisagée par Montesquieu (doc. 1 p. 28).

Trois questions peuvent être posées à partir des photographies des p. 29 (doc. 3) et 31 (doc. 4) :

  1. Comment le président se tient-il ? De qui est-il entouré ?
  2. Que vient faire le président de la Cour de Cassation ? Et celui de la Cour Suprême ?
  3. Quelle place est celle de la justice : garante du pouvoir exécutif ou dépendante du pouvoir exécutif ?

Répondre aux questions en DM!

L'Etat de droit garantit les libertés

Réponses aux questions p. 21

Repérer
1. Le gouvernement ; sept mois ; un an

Analyser
2. Deux lectures dans chacune des assemblées, une commission mixte paritaire, un vote solennel dans chacune des assemblées, un vote définitif à l’Assemblée nationale, un passage au Conseil constitutionnel, puis la promulgation : la loi a suivi l’ordre habituel des lois, en usant de toutes les possibilités proposées par les institutions (hors le référendum).
3. Les élus peuvent influencer les débats à la fois au sein des institutions dans lesquelles ils exercent leur mandat, mais aussi à la tête des groupes militants et associatifs et des partis politiques dont ils sont membres. Les citoyens peuvent participer à des manifestations et écrire à leurs élus.
4. Emploi, croissance des entreprises, moyens de communication, formation, universités, culture, protection de l’environnement.
5. En faisant fusionner certaines régions, la loi leur donne des moyens supplémentaires pour concurrencer d’autres territoires à l’échelle européenne. Elle oblige aussi à réduire les coûts de l’administration des régions et à transformer les hiérarchies : telle région qui aidait beaucoup les entreprises le fera moins parce que la région avec laquelle elle fusionne est d’une majorité politique différente, ou parce que d’autres priorités (emploi, éducation) y sont plus fortes.

Synthétiser

6. Les étapes du parcours de la loi sont: passage par le Parlement qui discute et amende avant adoption définitive > vérification de la constitutionnalité > promulgation par le chef de l’exécutif. Les régions ne jouent pas de rôle législatif, c’est le rôle du Parlement national, mais les fusions et compétences nouvelles dont elles vont profiter vont leur donner plus de poids dans la vie quotidienne de la population, et donc dans la légitimité de leurs choix politiques.